Au moment de composer les dernières lignes de cette tranche de vie qu’est la mienne, une sensation étrange, teintée à la fois d’angoisse et d’excitation, m’envahit.
Je suis extatique. Plongée dans une transe délicieusement étourdissante qui me chuchote à l’oreille qu’enfin, après tant d’années d’hésitation, de douleur et de tourments, j’y suis parvenue.
Je suis terrifiée aussi. Pétrifiée d’avoir oublié certains passages de cette enfance tronquée, de ne pas suffisamment retranscrire ce que j’ai vécu, tant tout cela me paraît aujourd’hui lointain et chimérique.
Puis je panique. Je m’inquiète à l’idée de causer du chagrin à certaines des personnes qui ont pu croiser mon chemin et qui se reconnaîtront sûrement, d’ici ou de là-haut, dans ces quelques pages malgré leurs identités volontairement préservées.
Mais j’ai souhaité être vraie. Ne pas plier face à la peur, la bien-pensance ou la raison. Sonder mon âme et laisser parler mon cœur pour livrer le témoignage sincère et sans doute parfois maladroit, d’une enfant qu’on bascule dans un univers où elle n’a tristement pas sa place.
Ce roman, je l’ai écrit égoïstement pour moi. Pour briser avant tout les chaînes de mon passé et tenter de gagner en sérénité, aussi fugace soit-elle. Je l’ai également écrit pour mon fils. Pour qu’un jour, quand il atteindra l’âge d’en saisir toutes les nuances, il puisse comprendre pourquoi, parfois, sa maman ne pouvait cacher ses larmes.
À tous ceux qui, de près ou de loin, m’ont soutenue dans cette introspection douloureuse. Tous ceux qui, par leurs mots, leurs encouragements et leurs sourires, m’ont sans le savoir tendu ce fil d’Ariane qui m’a aidée à garder le cap, malgré les doutes et les multiples abandons.
À vous, tout simplement, qui prenez le temps de me lire, je vous remercie, du plus profond de mon âme torturée, aujourd’hui partiellement libérée du poids qui l’emprisonnait.